Parmi les historiens et chroniqueurs du Caire islamique, Aboul Mahsin s’était distingué par sa franchise et sa véracité. Il était né dans l’ancien palais de l’émir Mangak situé dans la rue de souq El-Silah au Caire.
Le palais le plus célèbre de la rue de souq El-Silah était celui de l’émir Mangak El-Youssoufi El-Silahdar, le porte-glaive du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun au XIVème siècle. Cet émir avait construit ce palais en 1346. Il n’en reste que le porche d’entrée dont les deux tympans de l’arc étaient décorés du blason de l’émir avec un cimeterre, l’insigne de sa charge. Ce fut dans ce palais que naquit l’historien Aboul Mahsin en 1409.
Aboul Mahsin était le dernier des dix enfants nés de six mariages successifs de son père, un officier mamelouk, et le sixième garçon venu au monde de six mères différentes. Les cinq frères d’Aboul Mahsin n’ont laissé aucune trace dans l’histoire, mais il en fut autrement d’une de ses quatre soeurs.
A l’âge de trois ans, Aboul Mahsin devint orphelin et il fut élevé par ses soeurs qui avaient contracté des mariages avec des personnages importants de l’époque. Ainsi, l’une d’elles, Chakraa, avait épousé le sultan Barqouq. Puis elle épousa un fils du sultan Faradj, l’émir Khalil.
Chakraa avait encore épousé un certain Akbougha Timrazi qui mourut à l’âge de 70 ans au cours d’une partie de polo à Damas où il était le gouverneur de la ville. Aboul Mahsin raconta que c’était un homme très gros et qui buvait beaucoup de vinaigre pour se faire maigrir.
Ce fut dans ce milieu princier que grandit Aboul Mahsin. Au fur et à mesure de son éducation, de sa croissance, il découvrit les intrigues et les mesquineries de la Cour des sultans mamelouks. Il se prépara ainsi à devenir historien, n’ayant plus qu’à écrire ce qu’il voyait et entendait.